voilà je crois que c'est bon ah cette fois c'est réglé pas de test à faire particuliè- particulier oui euh on va juste vérifier que votre voix passe aussi bien que la mienne d'accord donc euh je suis André Morange c'est bon c'est parfait allons-y alors et bien écoutez allons-y je vous écoute alors
oui donc euh je voudrais d'abord savoir comment vous ou vos parents vous étiez arrivés à Montreuil puisque pour moi vous êtes d'abord un oui habitant de Montreuil oui c'est ça donc en fait oui donc je suis né à Montreuil euh en mille neuf cent cinquante et un rue de Paris là justement et j'ai habité pendant vingt ans euh au quarante-quatre au quarante-quatre rue de Paris au deux au deux deux cent quarante-quatre rue de Paris pardon excusez-moi euh O.K. mes parents alors ma mère vient de de de la province euh de l'Oise euh ils ont ma mère est arrivée là euh pendant la guerre de quatorze je crois quand sa mère est arrivée à Montreuil pendant la guerre de quatorze elle est née en mille neuf cent dix-sept et mon père euh habitait à Montgeron il est issu de d'une famille portugaise qui a /migré, émigré/ dans les années trente à cause de Salazar et puis enfin de des problèmes politiques d'accord et et donc Montreuil c'était un choix c'était c'était c'est une nécessité économique je crois oui et alors vous euh donc au début le problème ne s'est pas posé vous avez vécu je suis né là et vous partez j'ai vécu là donc les premières vingtaines les vingt premières années d'accord ensuite je me suis marié je suis allé en banlieue en Seine-et-Marne très exactement vivre une dizaine d'années et je suis revenu vivre à à Montreuil ensuite oui jusqu'à il y a deux ans où j'ai déménagé il y a deux ans et pourquoi déménager pour des raisons familiales parce qu'en fait j'ai j'ai une petite fille depuis deux ans et demi là et nos enfants euh enfin une partie de nos enfants habitaient en Seine-et-Marne donc on s'est rapprochés d'eux pour s'occuper de notre petite fille voilà d'accord donc ça n'est pas du tout une volonté de quitter Montreuil non vous y étiez plutôt bien oui oui ben oui oui toujours n'importe comment je c'est ma ville entre guillemets c'est la ville c'est ce qu'on appelle on parle de racines pour moi les racines c'est ça c'est le c'est le fait d'être d'être né quelque part tout Montreuil ou ce quartier non justement ce quartier c'est paradoxal mais enfin non en connaissant bien Montreuil euh c'est vraiment ce quartier c'est le quartier de de son enfance enfin bon voilà quoi le quartier où on a bon voilà et vous ne regrettez pas trop d'être parti
bah non /enfin, parce que/ bon il y a quand même le fait de s'occuper de ses de ses petits enfants c'est bien maintenant je regrette toute la convivialité qu'il y avait à Montreuil qui j'allais n'existe plus vous demander ce qui vous plaisait ben la convivialité euh la diversité euh tout ce qui fait qu'une ville peut euh peut s'enrichir quoi c'est quoi la convivialité comment ça se marque ben c'est les différences de culture non mais apprendre si vous voulez euh la culture des autres ça c'est très important et pouvoir discuter avec les gens de son immeuble alors c'est ça naturellement vous aviez une vie d'immeuble réelle
très réelle très agréable où on di- où on pouvait discuter euh très facilement où c'était ce qui est plus du tout le cas là où je suis c'est des ce sont des pavillons individuels la mentalité n'est pas la même elle est plus bourgeoise entre guillemets qu'ouvrière enfin c'est plus du tout les mots adaptés mais vous voyez la différence entre euh tout à fait beaucoup de spontanéité maintenant quand vous dites discuter ça se faisait s- sur le pas de la porte pas forcément ou on s'invitait on pouvait on s'invitait aussi prendre le café et bien sûr dans l'immeuble dans l'immeuble oui il y avait en fait c'é- on on on réfléchissait pas à ça c'était spontané on venait prendre un café on discutait sur /le plat, le pas/ de l'immeuble ça dépendait du d' des circonstances mais euh voilà la la convivialité qu'on avait à cette époque là mais qui qui perdu- qui a perduré très longtemps qui existe encore certainement mais quand vous êtes parti vous aviez l'impression que c'était déjà en train de se défaire non non non vous l'avez perdu en déménageant oui euh et qui vivait dans l'immeuble alors moi c'était vous avez parlé du plaisir de la diversité alors quand j'étais jeune
alors quand j'étais jeune euh l'émigration n'était pas encore comment dire il y avait pas il y avait pas un phénomène d'émigration dans les années cin- au début des années cinquante les les les comment dirais-je euh enfin mes souvenirs parce que ils sont ils sont quand même assez je vous disais tout à l'heure diffus les cafés étaient tenus par exemple par des des Auvergnats le bougnat on appelait ça le bougnat le le le vous vous avez utilisé ce mot bougnat bougnat oui le charbonnier quoi enfin le bougnat c'est-à-dire celui qui à la fois était ca- le cafetier quoi celui qui qui avait sa femme sa femme plutôt et lui qui l'homme qui qui livrait le charbon parce que nous euh vous vous chauffiez au charbon oui parce que on a des appa- on avait des appartements de la loi de quarante-huit donc on avait pas les toilettes sur euh à l'intérieur les toilettes étaient sur le palier on avait des poêles à des poêles quoi pour se chauffer enfin c'était le début des années cinquante vous voyez donc c'était le bougnat du coin qui venait nous livrer en charbon donc les cafés c'étaient dans dans la cave les Auvergnats dans la cave ouais oui et nous euh enfin mes parents ma mère allait chercher le charbon euh ça j'ai ça également dans mon les seaux à charbon immeuble voilà il y a encore il y a plus évidemment le charbon ah oui mais la cave la cave voilà il y a encore de la poussière de charbon bon ça c'est des souvenirs de jeunesse qui ont été assez longs ça a duré assez longtemps puisque ça a duré euh jusqu'au milieu des années soixante peut-être enfin je sais plus trop euh on avait pas la télé on avait pas enfin bon c'était une vie ouvrière vraiment ouvrière ouvrière quoi c'est ce que faisaient vos parents oui ma mère elle travaillait dans le vingtième rue de la Réunion et elle travaillait chez les établis- les établissements Foulon les bonbons et les dragées Foulon rue de la Réunion ça a disparu maintenant ça a disparu les ateliers de les oui depuis oui ça a disparu et mon père était artisan euh alors lui il était artisan menuisier il avait donc une son il était à son compte puis ça marchait mal mais il était à son compte ça venait de son père qui était portugais donc qui a qui avait trouvé cette affaire voilà euh et donc vous avez vu changer petit à petit la oui alors ça ça ça s'est passé enfin bon il y avait j'ai toujours connu dans ma tête hein comment dirais-je des des Français de du Maghreb il y a Nasser qui est là donc ça tombe bien qui est qui sont qui étaient français jusqu'en soixante-deux quoi qui étaient là au début des années cinquante je les ai toujours connus j'ai l'impression d'avoir d'avoir toujours vécu avec eux parce que ils ils étaient venus en France à la fin de la guerre un peu pour reconstruire le pays quoi vous voyez c'est l'impression que j'ai moi dans dans avant ma tête la grande émigration massive avant les années cinquante les voilà voilà avant la grande émigration massive et ensuite il y a une émigration africaine purement africaine Afrique de l'Ouest ou Afrique de l'Est les Maliens oui voilà au début des années soixante-dix quand le foyer Bara a été créé c'est-à-dire en mille neuf cent soixante-dix exactement je crois il me semble et donc des gens sont arrivés dans l'immeuble aussi alors euh à cette époque là non non parce que le foyer était vraiment alors si vous voulez la population de l'immeuble c'était des une population au début à ma connaissance française de type européenne ensuite on a eu une population mélange avec une population maghrébine l'émigration des années cinquante cinquante-cinq cinquante-six enfin à peu près je crois dans ces années là mais la population africaine est restée reste plutôt était restée plutôt en foyer avec le foyer Bara alors par contre dans les années beaucoup plus récentes quand je suis revenu euh je suis revenu à Montreuil dans les années quatre-vingt quatre quatre-vingt cinq là il y avait un mixte plus important de populations avec les populations une partie des populations africaines d'Afrique de l'Ouest ou d'Afrique de l'Est francophones qui faisaient partie de l'immeuble avec des populations maghrébines aussi et des populations euh alors les populations indiennes et asiatiques ont commencé à arriver à ma connaissance au début des années quatre-vingt-dix vers vers les années quatre-vingt-dix quoi je ne savais même pas qu'il y avait euh une pression forte des Indiens ici je pensais que pas forte pas forte mais c'est souvent des Pakistanais d'ailleurs enfin quand je dis Indiens je dis euh de type indien alors je sais pas exactement de quel pays mais de type indien d'accord et donc voilà donc quand je suis parti on avait un vraiment un un melting pot de l'ensemble des continents des continents des continents quoi et alors ça dans l'immeuble ça ça déteint sur euh les je sais pas les cuisines les est-ce que du coup euh vous avez l'impression que vous avez adopté aussi des façons de de manger entre autres euh pas pas pas complètement euh mff pas dans mes souvenirs en tout cas donc vos parents ne sont pas passés de la blanquette au couscous non non mais enfin enfin les cuisines euh j'allais dire de tous les jours oui par contre on allait assez régulièrement au restaurant à Montreuil rue de Paris là et on allait manger souvent un couscous ou on allait euh mais c'est pas allé jusqu'à ce que les que ça fasse une espèce de syncrétisme dans la dans la on peut pas parler cuisine de syncrétisme oui enfin à ma connaissance vous cohabitiez bien mais mes souvenirs mes souvenirs voilà mes souvenirs d'enfance hein je parle des vingt premières années là ne me font pas dire que il y avait un syncrétisme culinaire culinaire entre les différentes populations
et le langage à ma connaissance vous avez du coup adopté des façons de parler des copains alors les façons de parler c'est à Montreuil oui c'est bon mais c'étaient euh des des langages purement montreuillois enfin purement il y a il y a une population de gitans à Montreuil qui 'est assez connue de Roms qui avait un langage particulier qu'on adoptait quand on était jeunes tout simplement il vous en reste des mots ouais mais c'est des trucs euh c'est des trucs incompréhensibles maintenant que c'est pas ah il y en a que je connais je sais dire gadjo par exemple oui gadjo mais c'est ça c'est assez répandu c'est des choses c'est très répandu ça oui c'est ça mais il y en a d'autres qui sont i- il en connaît une partie Nasser un petit peu un petit peu euh chourave chourave oui chourave oui pour voler par exemple et on dit pas j'ai chouravé on dit j'ai chourave oh on dit j'ai chouravé aussi ah oui d'accord on dit aussi chouravé j'ai chourave j'ai chouravé euh il y a plein il y a plein de choses comme ça mais ça revient pas parce que qui m'échappent encore qui m'échappent mais c'était vraiment spécifique un peu de de de la ville quoi hein de et ça venait un peu de du enfin de la population manouche quoi de la population vous aviez des copains à l'école on avait des copains euh qui représentaient euh la population de Montreuil c'était une école très mélangée très mélangée Manouches compris alors non Manouches parce que Manouches même malgré leur sédentarité à ma connaissance hein et à mes souvenirs je crois qu'ils je suis pas certain qu'ils allaient à l'école hein à l'époque hein je suis pas certain je peux pas vous dire oui ou non je ouais mais vous vous avez connu vous avez eu des amis des des copains euh non non je sais pas dans d'autres lieux Manouches non ils étaient un peu à part oui hein tout le reste mélangé oui oui oui mais là oui oui à part c'est comme ça que je me souviens des des choses et pourtant le langage passait le langage passait ouais alors ils venaient il y avait une règle il y avait une racine euh si vous voulez c'est bon c'est c'est c'est euh comment on appelle ça c'est c'est oral quoi donc euh il y a pas de tradition écrite de de de de de de ce genre de phénomène quoi
euh alors vous avez dit euh c'est pas Montreuil pour moi mes racines c'est ce quartier de la rue de Paris et vous c'est que c'est c- vous le délimitez comment si si vous voulez si je peux parler de de mes racines c'est je lie ça si vous voulez au cosmopolitisme oui de de ce que j'ai vécu je me sens à l'aise dans ce genre de co- comment dire je me sens enfin mes racines sont là quoi avec des gens qui viennent de d'un peu partout là par exemple là où on est actuellement c'est beaucoup plus policé enfin entre guillemets quoi si vous voulez mais je me sens pas chez moi je sais pas comment dire ça c'est difficile oh vous le dites très bien c'est j' très clair je sais pas comment dire ça oui tandis que là c'était vraiment quelque chose que j'ai connu tout petit dans lequel j'ai bien vécu ou qui m'a enrichi aussi moi de mon côté et qui était bien quoi enfin qui était je me sentais à bien quoi voilà et ça se passait sans tension il y avait pas des moments ah vous avez passé la guerre d'Algérie par exemple euh j'ai pas senti ça du tout en soixante-deux j'avais onze ans donc il y avait pas à l'école du coup euh alors je j'ai pas j'ai pas eu l'impression que l'O.A.S. c'est passé à Montreuil entre g- oui euh ils devaient pour dire les choses pas s'y sentir très bien en plus voilà non je j'ai pas eu ce sentiment qu'il y ait eu des frictions entre les populations maghrébine et puis euh française de type européenne au moment de la guerre d'Algérie surtout dans les années soixante euh ou plutôt au début des années soixante où c'était avant soixante-deux où c'était quand même entre cinquante-huit et soixante et un c'était assez difficile quand même hein bien sûr et la guerre d- et et l'armistice pour moi ce je veux dire /s', c'/ est passé comme une boîte comme une lettre à la poste à mon âge j'ai pas eu le sentiment qu'il y ait eu des tensions avec des gens que je connaissais des copains de classe et tout ça ça jamais ça a rejailli sur et alors après pour moi dans mon expérience personnelle hein oui mais c'est important donc c'est c'est après dans les nouvelles vagues d'immigration ça s'est chaque fois plutôt bien passé ou est-ce que les derniers à arriver étaient regardés avec un peu de méfiance j'ai jamais eu cette impression donc je peux pas parce que c'est c'est c'est un point de vue personnel Montreuil c'est cent mille habitants si vous voulez il y a voilà quoi mais de de mon point de vue ça c'est toujours fait naturellement j'allais dire
alors vous vous étiez donc d'origine portugaise à moitié par mon père par mon père oui est-ce que euh est-ce que vous étiez marqué comme ça à l'école Le Portugais non non pas du tout non j'ai pas senti parce que j'ai peut-être pas le enfin je veux dire je suis pas non mais même c'est c'est même pas ces questions là c'est que on a pas l'im- j'avais pas l'impression qu'il y avait ces genres de considération vous aviez gardé le portugais non comme langue non malheureusement non parce que justement quand on était quand on était mômes nos parents faisaient le maximum pour qu'on s'intègre rapidement et pour ça malheureusement on perd une partie de ses racines enfin de ses racines maternelles ou paternelles à l'époque hein dans les années cinquante donc on s'adapte vite on apprend le f- enfin moi j'avais j'ai toujours parlé français et du coup euh on nous apprend pas on nous conserve pas n- notre langue d'origine donc euh et vous n'alliez pas non plus l'été au Portugal non non vous avez donc complètement rom- non parce que mon grand-père a rompu enfin totalement avec euh avec son pays euh sous à cause de la politique Salazar voilà à cause de la politique donc du coup euh il a alors j'ai des frères de mon père qui sont venus euh du Portugal en France pour le voir de temps en temps mais c'est vraiment un souvenir très vague et ça n'a pas duré très longtemps ça n'a pas duré c'est moi qui ai fait la démarche inverse il y a pas très longtemps en allant où est né mon grand-père pour essayer de retrouver la famille voilà mais sinon là c'est vraiment une branche qui s'est qui s'est éteinte quoi qui s'est tarie j'allais dire naturellement quoi oui vous voyez peut-être que vous l'auriez gardé le portugais si ça avait été votre mère ben peut-être que alors là j'ai pas pensé à ça mais peut-être c'est je je dis ça euh peut-être peut-être mais mais pff souvent le langage affectif du début c'est des choses auxquelles on (n') accorde aucune importance quand on est jeune enfin à mon époque et qu'on retrouve plus tard comment dirais-je en regrettant d'avoir perdu quelque chose quoi donc vous avez quand même regretté oui bien sûr c'est une ri- une partie de mon identité qui qui est disparue c'est certain mais petit vous vous sentiez pas particulièrement portugais oh pas du tout du tout - vous n'étiez pas en train de le revendiquer ah non non non alors absolument pas non
c'était ces identités à l'école c'était un problème ça sortait euh pour les Arabes on disait l'Arabe le Beur déjà ah non le Beur c'était non le Beur non c'était plus tard hein je crois mais non j'ai pas moi j'ai pas senti ça du tout hein il y avait une espèce d'harmonie euh à l'école qui était enfin c'est le sentiment que j'ai hein c'était alors ça se passait entre cinquante et un pas cinquante et un mais entre cinquante-quatre et soixante la fin des années soixante quoi peut-être j'ai jamais senti quelque enfin j'ai jamais eu le sentiment là d'avoir senti ce genre de choses d'une communauté d'une ju- juxtaposition non non c'était euh il y a une fluidité entre les comportements des gens c'é- c'était naturel il y avait pas ce cette réflexion qu'on vient d'ailleurs et qu'on est différent quoi je crois qu'on s'enrichissait plutôt de cette différence plutôt que de dire de faire un blocage là-dessus quoi peut-être que c'est différent maintenant j'en sais rien mais et si vous voulez euh j'ai toujours ressenti euh la ville dans laquelle j'ai vécu où j'ai eu mes racines comme ça et ça a toujours été comme ça alors alors vous vous aviez l'impression de faire partie d'une communauté de Montreuillois euh de Montreuillois qui avaient la chance comment dirais-je de contenir dans ses dans ses rangs des gens qui venaient de de partout d'horizons différents et que c'était très enrichissant donc c'était une fierté de la ville plutôt euh plutôt pour moi ouais oui plutôt euh alors par rapport aux Parisiens justement vous pour vous il y avait parce que c'est la la même ligne de métro euh donc vu de l'extérieur on pourrait se dire il y a pas une limite entre Paris et Montreuil mais il y a ce nom de Montreuil il y avait sans doute la coupure politique il y avait enfin des tas de est-ce que pour moi Paris c'est quelque chose d'étranger en fait oui quelque chose qui comment vous expliquer ça à Montreuil c'est un monde en lui-même donc à à côté enfin dans mes souvenirs quoi pas plus maintenant évidemment dans les années qui dans les dans les premières années il y a Paris pff je sais pas comment expliquer ça c'était Montreuil se suffisait à lui-même pour moi vous voyez ce que je veux dire ça petit garçon oui petit garçon alors après l'école primaire vous avez continué
alors ben j'ai vécu jusqu'à l'âge de vingt ans là à Montreuil mais je me suis pas posé des questions comment dirais-je philosophiques ou plutôt politiques alors mes mes parents étaient évidemment de enfin quand je dis évidemment étaient de gauche hein évidemment ça s'entend dès la première phrase même à l'époque ben oui ben oui à l'époque on savait pas ce que c'était enfin on je veux pas faire de politique mais euh le stalinisme on connaissait pas enfin tout ce qu- tout ce qu'on a découvert entre guillemets surtout quand on est baigné dans ce climat si vous voulez de militantisme après on découvre des choses bon c'est autre chose vos parents étaient militants moi mon père était militant ma mère non mon père était militant mon père était militant bon il a ah oui il a il est allé au S.T.O. il a il est allé envoyer en Allemagne enfin bon voilà quoi c'est un parcours comme beaucoup de jeunes à l'époque ont dû ont dû donc il était militant parce qu'il a vécu une expérience qui a fait que sans sans sans avoir d'esprit critique peut-être sur ce qui sur ce qu'il défendait quoi voilà par contre moi très assez vite je pense que sur ce plan là je me suis rendu compte parce que j'aime beaucoup lire je me suis rendu compte quand même qu'il y avait un problème après vous voyez donc je me suis un peu donc vous avez pris vos distances écarté voilà je me suis un peu écarté c'est-à-dire qu'il y avait une contradiction entre le discours et la réalité parce que euh comme enfant de militant vous êtes allé aux jeunesses communistes non non non parce que justement j'ai j'ai j'ai j'ai pas accepté enfin j'aurais pu évidemment c'était c'était quelque chose de nat- ça aurait dû être quelque chose de naturel ça aurait dû être mais quand j'ai comme j'ai j'ai commencé à lire très tôt les histoires qui m'intéressaient sur le communisme et sur les autres modèles de société tout de suite je me suis rendu compte qu'il y avait un problème entre entre la réalité des choses sur le terrain et le discours quoi enfin je me suis dit euh il y a il y a quelque chose qui va pas quoi enfin moi personnellement c'est mon analyse personnelle et je me suis dit je peux pas cautionner ce ce genre de choses c'est pour ça que que que que bon Staline est mort en cinquante-trois mais je veux dire en cinquante-trois j'avais deux ans hein donc euh mais mais à dix-sept ou dix-huit ans j'avais quand même c'était en en en soixante-huit alors c'était en pleine euh ah oui c'est vrai vous êtes un ben vous avez pris soixante-huit dans la voilà figure si je puis dire et malgré alors ça malgré ça soixante-huit vous êtes resté à l'écart ben je suis resté à l'écart euh oui enfin c'est-à-dire que bon j'ai pleuré quand le Che est mort en soixante-sept tout le monde a pleuré parce qu'on s'est dit c'est un moi j'étais euh vous avez rêvé à Cuba rêvé moi j'ai rêvé à Cuba ça c'est clair mais je savais je j'arrivais peut-être déjà à faire la différence entre Cuba et l'Union Soviétique à l'époque parce que c'était pas encore tout à fait euh sous l'influence vous voyez la différence entre l'espoir de faire autre chose que que la corruption totale d'avant Cuba enfin d'avant ce qui se passait à Cuba et le système soviétique qui existait déjà depuis mille neuf cent dix vous voyez essayer de faire une différence entre les deux un espoir avec le Che enfin Che Guevara qui pouvait amener autre chose dans ce modèle là plutôt que ce qu'on connaissait de de de l'Union soviétique en soixante-huit c'est-à-dire le vingtième congrès en cinquante-cinq et cetera on savait ce que c'était le stalinisme à l'époque hein on savait il y a eu Prague il y a eu Budapest enfin bon oui vous avez vous voyez c'est moi j'ai enfin oui Budapest j'ai évolué avec ça je me suis dit il y a eu Budapest quand même il y a eu Prague je veux dire c'est pas possible quoi on peut je veux dire vous voyez et et et il y a quand même un espoir à Cuba donc je me suis écarté de mes pa- de mon père euh ça a été difficile oui c'était difficile parce que c'est c'est quand même il comprenait pas vraiment pour lui c'était un monde qui s'écroule quand même oui une remise en cause trop forte oui trop forte oui ouais quand on milite quelque part et qu'on s'aperçoit que enfin c'est quand même des millions de personnes qui disparaissent quoi on se il y a quand même vous voyez tandis que ma génération à moi a réussi à passer le cap plus facilement en fait parce qu'elle s'est moins impliquée certainement mais en dans soixante-huit vous n'avez pas du tout été touché atteint par alors les ben si parce que j'étais comme tout le monde courant libertaire ben plutôt maoïste mais alors maoïste quand on quand on se rend compte de ce que donc vous avez été maoïste ben oui mais maoïste pas trop longtemps non plus parce que quand on est on sait ce que ça a été la Révolution culturelle et le Grand bond en avant ça vous avez compris assez vite ben je me suis dit c'est pas possible enfin vous voyez on est toujours on on dans un cercle où on s'en sort pas quoi sur ces modèles de sociétés et on se dit mais qu'est ce qu'il faut enfin voilà quoi puis après euh quand il y a des intellectuels français mais ça c'est ma réflexion aussi sur Montreuil c'est un peu avec Montreuil parce que c'est ce qui baignait mais oui bein sûr un peu à Montreuil hein c'est pour ça que je me permets un peu d'aller euh c'est très intéressant quand des intellectuels en France étaient maoïstes à l'époque et quand on sait que euh ils ont soutenu un peu le Cambodge euh le Kampuchea démocratique je me suis dit mais il y a un problème aussi vous voyez il y a on se heurte toujours à cette hi- à cette espèce de euh de bonjour bonjour Patrick on fait pas trop de bruit alors voilà on va pas te je fais un se petit interview j'espère ah excuse-moi tu peux oui oui la chaise je je reprends un siège hein oui bien sûr donc sinon je vais prendre l'autre non non non non attends je vais prendre merci Patrick je me heurtais toujours à cette barrière infranchissable entre les théories et la réalité donc j'ai quitté assez rapidement le comment dirais-je le giron les groupes de mon père organisés euh voilà parce que j'ai je me suis dit il y a rien à faire là-dedans quoi voilà vous voyez c'est mais tout vient de Montreuil enfin tout vient de de là où j'ai vécu
parce que l'organisation enfin le le le oui le la gestion communiste de Montreuil était très sensible dans toute la vie quotidienne non c'était alors il y avait un paradoxe en plus dans le modèle de société proposé et la réalité sur le terrain dans une ville comme Montreuil de gestion qui était assez bien faite vous voyez oui oui la gestion communiste on a toujours dit que les communistes étaient exemplaires voilà dans le gestion de dans la gestion locale de la ville en local par contre euh et alors localement qu'est-ce qui est-ce que est-ce que qu'est-ce qui oui oui était bien justement ben c'était bien dans cette c'étaient les colonies c'étaient euh les sorties en groupe sans endoctrinement particulier pas à ma connaissance dans tout ce que je me souviens il y avait pas eu d'endoctrinement enfin c'était pas euh on emmenait pas les petits les les enfants dans les pays de l'Est forcément quoi quoique Montreuil était jumelé était jumelé avec des est encore jumelé avec des villes de du Viet-Nam je crois et de vous n'êtes pas allé au Viet-Nam non mais il y avait pas euh les pionniers comme on peut parler dans les pays de l'Est quoi enfin j'ai pas ressenti /cet, cette/ comment dirais-je cet cet enrôlement cet endoctrinement à la limite de petits Montreuillois qui euh auraient alors peut-être qu'il y avait dans les sec- cellules du parti communiste à Montreuil ce genre de choses peut-être mais la gestion globale de la ville m'a semblé me semblait moi bien quoi on allait en colonie on organisait des choses vous voyez c'était euh oui vous insistez à nouveau sur le collectif il faut faire la différence entre sur le collectif le collectif positif la partie positive du collectif vous voyez sans euh prise prise en main de de l'état d'esprit enfin de de de l'esprit critique des gens quoi c'est le sentiment que j'ai sur les vingt premières années que j'ai vécu à Montreuil de cinquante à à quand soixante-dix vous êtes revenu ben euh quand je suis revenu le monde communiste avait dis- enfin pas disparu mais oui il y avait aut- c'était autre chose euh Montreuil n'est plus communiste non ça c'est les Verts maintenant c'est euh Voynet qui oui mais depuis depuis pas très longtemps très peu d'années oui très peu ben aux dernières élections mais comme Brard Jean-Pierre Brard n'est plus enfin est est un dissident enfin c'est compliqué ah c'était déjà un dissident un dissident du Parti Communiste machin oh c'est c'est compliqué donc ça avait déjà beaucoup évolué mais pas sur la gestion de la ville parce qu'on fait beaucoup de logements sociaux on fait beaucoup de choses positives vous voyez il y avait quand même il faut pas non plus être bêta et puis euh être anti-communiste primaire mais je veux dire la gestion de la ville est relativement bonne on peut dire globalement elle correspond au type de population qui réside à Montreuil ou qui résidait à Montreuil
qui résidait c'est en train petit à petit de voilà s'embourgeoiser beaucoup de cadres moyens ben écoutez quand j'ai vendu mon appartement moi je le je l'ai vendu cher relativement par rapport au prix où j'avais acheté et je l'ai acheté deux fois plus cher que le prix où les g- où les propriétaires précédents l'avaient acheté donc euh donc on a beau militer c'est la sélection naturelle entre guillemets de l'argent on a beau lutter contre non j'ai l'impression qu'à Montreuil maintenant quand je suis parti même avant que je parte il y avait une large population j'allais dire de la bourgeoisie moyenne ce qu'on appelle bobo entre guillemets des gens qui gagnent pas mal d'argent mais qui votent à gauche comme on dit c'est idiot à dire ça mais je sais pas population bobo quoi qui qui ont acheté des des choses à Montreuil qui sont inachetables pour le le voyou quoi deux cent mille euros trois cent mille euros un appart donc petit à petit les gens sont quand même en train de partir alors voilà la population se transforme pour ça la rue de Paris se transforme il y a la B.N.P. qui s'est installée des grosses entreprises qui se sont installées il y a Air-France qui s'est installée vous voyez la ville change alors elle change en en f- comment dirai-je en sélectionnant la population par l'argent en gros les gens qui achètent maintenant ben il faut qu'ils aient des revenus hein quand même hein et alors euh l'autre chose c'est vous avez dit que votre père était artisan qu'est-ce que c'est devenu euh ah ben il a fait faillite il a fait faillite alors il a fait faillite euh j'allais dire euh si je me trompe pas euh au début des années soixante-dix il a retrouvé un travail de menuisier rue de Paris justement euh ben juste rue de Paris il y avait une euh une entreprise de menuiserie qui a fermé depuis déjà qui a fermé aussi oui vous avez vu reculer aussi ça s'est transformé euh
oui la transformation s'est faite euh avec le temps disons que l'immigration a participé un peu à la transformation du quartier aussi puisque là quand vous allez rue de Paris vous voyez il y a beaucoup de kebabs de choses comme ça de boucheries musulmanes et de choses comme ça c'est ce qu'on trouve maintenant de façon euh comment dirais-je je sais pas comment exprimer ça de le charcutier est remplacé par un voilà boucherie euh une boucherie halal voilà oui c'est une réalité chaque fois parce que la population change parce que la population change oui d'accord voilà ce que j'ai connu dans ma jeunesse moi ça n'existe plus ça s'est fait mais ça s'est fait par vagues immi- migratoires euh successives ce que vous disiez dans les années cinquante euh et là vous au niveau du Maghreb ou soixante-dix n'avez pas eu de regrets sur la la disparition du du commerce non mais c'était pas euh une préoccupation particulière quoi moi disons que maintenant si j'ai envie de de trouver un boucher traditionnel à Montreuil je sais où il faut aller mais bon il faut que j'en fasse pas mal quoi bon c'est c'est comme ça voilà mais c'est comme ça voilà c'est tout c'est c'est vous mangez des côtelettes et voilà c'est pas non c'est quoi c'est pas un problème de non non non c'est c'est voilà du jambon disons
non non non non mais c'est une transformation si on parle de transformation de quartier vous voyez c'est c'est euh alors par contre là ils sont en train de construire des immeubles dès qu'ils ont une place apparemment ils sont en train de mettre des des immeubles de bureaux je sais pas si vous avez remarqué qui remplacent un petit peu tous ces tous ces petits commerces ou des ateliers ou des ateliers alors les ateliers alors r- à Montreuil rue de Paris ou aux alentours du quartier Robespierre il y avait énormément d'ateliers il reste une cheminée un peu plus haut là sur la gauche que vous avez peut-être vue avant la salle des des congrès là qui était construite il y a quelques années où il y a le Salon du livre il reste une cheminée devu debout c'était euh c'était un un ensemble d'usines et d'ateliers qui était très fréquentes à Montreuil dans les années cinquante même derrière là où ils ont construit où il y a une partie de de de de de l'administration qui s'est installée là au truc des immigrés là tout ça c'était tout ça c'étaient des ateliers avec des grandes cheminées vous savez euh qui étaient là moi c'était ma c'est ce que j'avais dans ma jeunesse donc tout ça ça a totalement disparu il reste un bougnat là sur le en front là qui va disparaître aussi vous voyez c'est il reste plus rien moi dans ma vision de ma jeunesse très prime prime-jeunesse hein de de de concret quoi il y a ça a disparu quoi et je me demandais je sais pas ce que vous en pensez euh il devait y avoir une culture ouvrière fière de son de son appartenance de son appartenance ouais est-ce que ça ça n'a pas volé en éclat si avec ces dernières années si si parce que le monde a changé enfin le les mais c'est peut-être antérieur encore à ce qui s'est passé en quatre-vingt-neuf ou quatre-vingt enfin la fin du communisme à l'Est ça ça a été fondamental je pense enfin j'ai l'impression je sais pas mais je suis pas je suis pas un politicien ou mais ça c'était quelque chose qui s'est terminé quoi voilà ça c'est fini maintenant faut passer à autre chose je pense qu'à Montreuil ça a eu certainement des des répercussions le le P.C. a un virgule neuf pour cent enfin je veux dire tout ça c'est un monde qui se termine je pense et qui a eu dans le le la vie des gens à Montreuil forcément euh ça a été un un des facteurs certainement de de de d'un changement de mentalité je pense je pense et un peu mélancolique et un peu mélancolique tout ça forcément on est toujours mélancolique de ses racines de ce qu'on a de sa jeunesse enfin en ce qui me concerne c'est et alors de toute façon vous vous n'êtes donc pas resté ouvrier euh non
vous avez donc eu une scolarité j'imagine de bon élève moyen j'ai j'ai j'ai j'ai aucune non j'ai j'ai pas du tout de de diplôme voyez contrairement j'ai j'ai juste mon certificat d'études primaires et ensuite j'ai commencé à travailler à l'école tout de suite pff ça c'est passé comme ça sans oui elle est passée sans que je m'en aperçoive en gros oui j'ai fait ce qui f- sans que ça vous intéresse plus que ça plus que ça et sans que vous soyez marqué ni en bien ni en mal voilà par voilà c'était vraiment quelque chose de plat oui la vie se passait à l'école oui de façon euh et je nous on a eu la chance à notre génération d'avoir de participer à la reconstruction donc euh euh ce qu'on appelle les Trente glorieuses hein donc on a eu toujours du travail vous voyez c'é- c'était plus facile de commencer dans la vie à notre époque sans diplôme et de pouvoir entre guillemets faire son trou quoi enfin faire sa carrière que la génération suivante je pense bien sûr donc j'ai on a on a jamais eu j'ai jamais eu de problème vous avez commencé à travailler juste après le Certificat d'Etudes oui très jeune puisque je fais je fais partie des longues carrières ben à quinze ans j'ai mes premiers mes premiers euh enregistrements de trimestre sont en soixante-cinq donc à soixante-cinq oui cinquante et un vous êtes plus jeune que moi quatorze ans et vous avez travaillé avant moi voilà donc vous voyez c'est c'était mais c'était un peu alors à Montreuil mais dans les villes ouvrières ou dans les quartiers ouvriers je crois la à ma connaissance la majorité des jeunes qui qui avaient ce parcours quoi alors vous avez commencé à ma connaissance en usine ou tout de suite alors j'ai commencé à travailler un peu en usine euh quelques mois mais j'ai eu l'opportunité en informatique je l'ai saisie et et voilà vous êtes un informaticien voilà depuis euh depuis toujours depuis toujours oui avant que le mot informatique existe même donc euh voilà
euh donc euh vous vous avez été baigné aussi quand même dans un milieu plurilingue même si vous vous n'avez pas gardé le oui plurilingue c'est le mot le portugais c'est le mot parce que à Montreuil on parlait un peu toutes les langues on parlait euh bon l'arabe dans la rue on parlait le français bien sûr mais on parlait aussi l'africain à partir des années soixante-dix les dialectes africains du type malien ou voilà on parlait euh le portugais on parlait l'italien donc peut-être le polonais ça ça et même le polonais ça je m'en souviens pas trop mais vous voyez il y avait vraiment un j'ai baigné un peu dans ça et ça ça vous a les gens utilisaient donc les les langues on entendait dans la rue oui oui absolument ça vous a plutôt fait plaisir d'être d' entendre oui toutes ces langues plutôt et vous avez attrapé des des bouts de langues non non pas du tout non c'est pareil hein c'est coexistence oui mais pas pas euh appropriation enfin pas curiosité euh de la langue par contre de curiosité des traditions des traditions enfin de la de la culture quoi par exemple sans la langue oui pas ben quoi par exemple au niveau culinaire la religion oui la religion les traditions vous vous pouvez en dire deux mots ça ça m'intéresse parce que on entend tellement de choses sur mon dieu mon dieu ben oui la religion ça m'arrive c'est-à-dire non non mais la religion euh qu'est-ce que c'est que la religion qu'est-ce que c'est que enfin moi je suis euh chrétien mais chré- cath- catholique oui donc euh mais j'allais dire parce que alors encore une fois c'est un c'est un comment c'est un un paradoxe entre le militantisme de de mon père et ma mère qui qui tenait absolument à ce que je fasse ma communion et que je sois baptisé vous voyez donc vous avez fait votre communion donc j'ai fait ma communion avec beaucoup de ferveur non non avec la montre euh au bout de la communion non c'était pour les cadeaux oui ben c'est ça oui seulement voilà excusez-moi oui les garçons avaient une montre oui c'est ça hein non vraiment c'est vous voyez mais sans avoir conscience vraiment de ce que ça représentait d'accord donc connaître d'autres cultures c'est connaître d'autres religions et s'intéresser euh euh à la genèse de ces religions et ces choses là vous voyez enfin tout ce qui essayer de comprendre l'autre vous en avez parlé avec vos voisins par exemple oui bien sûr oui ça c'est très intéressant pareil pour les les religions animistes africaines qui sont intéressantes aussi parce que donc ça c'est donc ça pouvait être des thèmes de conversation d'immeuble c'est vous voyez bien sûr absolument c'était euh ça faisait partie des thèmes principaux de de de de de communication aussi ah oui cet cet aspect là parce que c'est c'est confronter les différentes personne cultures ne voulait vraiment convertir l'autre ah non non il y a pas de prosélitysme l'autre mais il y avait oui enfin moi j'ai pas senti de prosélytisme de la part de des gens avec lesquels je discutais et moi j'en faisais pas évidemment puisque et chacun racontait voilà ce que c'était pour lui voilà voilà voilà ça permet de comprendre pas mal de choses
oui et du coup ça veut dire que par exemple les les voiles des femmes ne vous ont pas agressé vous n'avez pas jugé que c'était enfin ici il y a enfin a- alors il y a une exception quand même ce qui me ce qui m'agresse c'est le le le voile c'est pas le voile ce qui m'agresse la burka mais totale c'est-à-dire euh mais ce il y en a pas beaucoup ici mais non mais il y en a mais j'en connais j'en connais hein avec les gants oui j'ai vu une personne avec des gants ben ça je comp- ça je je dis euh je peux pas comprendre donc ça enfin ça m'agresse quand même ça vous n'avez pas eu je sais même pas je suis dans votre immeuble je suis à à dix kilomètres de ça quoi enfin à dix-mille lieues de ça quoi c'est vous n'avez pas dans votre entourage proches des gens qui non du tout du tout du tout du tout non mais ça c'est c'est c'est comme c'est très personnel si vous voulez c'est pas voilà c'est personnel c'est des choses personnelles c'est pas je suis allé travailler au Maroc là il y a il y a quelques temps chez les à Casablanca les jeunes femmes la plupart sont pas voilées du tout quoi enfin voy- vous voyez c'est pas enfin c'est pas c'est pas quelque chose de en tout cas ça ça n'était pas un thème de ah non non non non non non non non non non non non non c'est découvrir important découvrir une culture différente à travers la religion essentiellement parce que c'est quand même quelque chose euh alors qu'elle soit religion monothéiste ou un athéisme quelcon- ou un ou des religions africaines plus euh animistes vous voyez animistes voilà c'est ça qui est intéressant c'est parce que ça tout ça ça fait une culture complète ça fait des comportements la façon de se comporter d'être et ça va a- ça engendre ça englobe ça englobe une morale aussi des choses que qui qui nous permettent de comprendre quand même euh ce que représente une culture quoi en fait donc c'est très intéressant et dans Montreuil au moment des fêtes religieuses est-ce que ça les uns et les autres s'invitaient vous êtes été invité à la rupture du jeûne non non j'ai pas j'ai pas souvenir de ça et même dernièrement quand j'étais encore à Montreuil non vous coe- sans sans qu'il y ait d'esprit communautaire de la part des personnes hein mais euh non mais on coexistait euh tranquillement ça nous empêchait pas d'aller déjeuner les uns avec les autres mais c'est mais euh on a pas participé j'allais dire comment dirais-je concrètement euh à la fête religieuse quoi et vos enfants euh mon fils habite à Montreuil et j'ai un un de mes fils qui habite à Montreuil là ils auraient vous pensez à peu près la même vision que vous ah ouais Dany oui ils sont bien ils ont leurs ah lui il euh copains leurs potes même Montreuil c'est sa ville /mais, / ouais ouais ouais ouais d'ailleurs quand on est parti il était euh quand on s'est dit il faut qu'on s'occupe de notre petite fille voilà donc euh on l'a fait pour ça il était un peu surpris pace qu'il sait bien qu'on qu'on est chez nous ici quoi voilà donc euh donc lui il vit à Montreuil ben depuis depuis trente ans maintenant et lui euh ben j'en ai un autre qui est qui est plus qui est pas à Montreuil hein mais lui il est à Montreuil et puis voilà quoi d'accord il est chez lui avenue Pasteur c'est à à la Mairie oui je vois où c'est avenue Pasteur mm
euh est-ce que les les difficultés économiques de récentes enfin qui vous avez parlé des Trente glorieuses oui oui ouais ouais on en est loin euh ça a changé quelque chose dans la dans la vie du quartier dans la autant que vous puissiez voir est-ce que vous est-ce que vous diriez que alors euh pff je sais pas pff je je je j'ai pas ça a pas marqué ça ça m'a pas interpellé parce que j'ai comment dire enfin j'ai pas été confronté là où j'ai vécu aussi bien étant plus jeune il y avait pas de difficultés économiques enfin étant plus jeune mais là dernièrement là sur les quinze dernières années où j'ai vécu à Montreuil j'ai pas été interpellé par ça par ce problème euh et au travail c'est pas les banques se portent bien donc euh on a au travail c'est-à-dire oui euh est-ce que le je ne sais pas la peur du chômage est quelque chose de pour moi de non je parle pas pour vous globalement en général globalement comment alors elle est présente bien sûr oui vous sentez ça je pense elle est elle est liée à la socié- à la à la comment dirais-je à la situation économique au modèle de société euh capitaliste c'est c'est certain mais l'incertitude donc c'est un thème qui revient alors nous on en parle juste alors si on ramène ça au quartier ou à la vie dans les quartiers à Montreuil je vous dis c'était pas un thème de discussion particulier voilà c'était ça alors on ma question discutait on faisait oh on discutait oui oui non non c'était pas enfin à ma à mon à ma à mes souvenances hein et vous n'avez pas euh été témoin ou votre femme de je ne sais pas moi de comportements euh chez les marchands là ah non c'est trop cher pour moi je peux plus euh les gens n'évoquent pas je peux plus acheter de viande ou je m'en je m'en je m'en souviens pas de ça pas plus pour le l'essence l'auto là c'est passé ah ben si dernièrement oui dernièrement ben si non mais là c'est pas lié forcément à la vie d'un quartier si vous voulez c'est vi- c'est c'est lié d'abord au prix de l'essence et c'est lié aussi aux revenus de chacun des des alors effectivement dans dans les quartiers mais quand vous disiez la population a changé j'ai et c'est vrai que j'ai vu évoluer la population vers des gens quand même qui avaient plus de moyens oui donc qui avaient moins de préoccupations économiques qui avaient moins de préoccupations économiques donc c'étaient pas les thèmes de discussion euh comment dirais-je privilégiés dans les années suivantes où j'ai vécu à Montreuil où je suis revenu à Montreuil vous voyez où la population a évolué quoi et quand j'étais plus jeune c'était pas une c'était pas ma préoccupation vraiment euh personne n'en parlait tellement pas à ma connaissance c'était pas
mais justement alors euh petit garçon donc vous vous avez dit que l'école c'était pas votre préoccupation majeure non pas comment c'était particulièrement non une enfance de de petit garçon à Montreuil à Montreuil c'étaient c'étaient les copains oui donc on était dans la rue dès que l'école ouais ouais était finie oui on tournait euh on était entre copains dans la rue rue de Paris euh je vais pas dire du matin au soir mais parce que les parents enfin ça dépendait des parents aussi certains parents euh avaient un minimum de discipline où il fallait quand même pas passer son temps dehors quoi donc mes parents en faisaient partie donc il y avait un cadre qui était fixé alors vous aviez droit à quoi par les parents tout de même mais j'avais des copains qui pouvaient euh vous voyez le cadre était différent suivant chaque famille donc moi j'étais quand même limité à je pouvais aller je pouvais avant déjeuner ou avant dîner avant le dîner rester avec mes potes euh après dîner euh voilà avant l' à partir d'un certain âge c'était l'heure du dîner voilà en gros sept heures du soir oui retour à la maison c'est ça c'est ça oui en gros et ap- après dîner alors ça c'était euh avec l'âge qui évoluait mais jusqu'à peut-être douze treize ans euh j'avais pas le droit de sortir après d- après dîner quoi après bon euh et alors dehors vous faisiez quoi qu'est-ce que c'était des conneries des jeux des bêtises des bêtises c'est quoi ben je sais pas euh pff d'abord petit ben petits oh oui /, je sais pas/ c'était vélo patins oui c'est ça vélo patins on sonnait aux portes des gens ou vous voyez des choses des choses classiques qu'on a l'habitude de faire quoi en mettant un portefeuille là dans la rue puis on tirait avec un quand les gens se baissaient pour le ramasser enfin vous voyez c'est des trucs euh puis après c'est après vous avez des souvenirs comme ça oui oui oui absolument le coup du portefeuilles ah oui oui ça vous l'avez vraiment fait ah oui on l'a fait oui çà c'est c'est clair j'ai ces souvenirs là embêter les gens avec les sonnettes mais ça bon c'est tout le monde l'a fait hein /peut-être, bref/ après plus tard alors c'étaient les blousons noirs c'est-à-dire que c'étaient les les bastons quoi
il y avait des bandes ouais il y avait des bandes oui et vous vous étiez dans une des bandes la bande de Robespierre contre la bande de Bel Air ou euh la bande du parc Montreau euh du Bel Air du Bel Air oui au-dessus de au-dessus de euh au-dessus du cimetière le quartier du Bel Air là là là ça bastonnait fort et et donc euh oui parce que je trouve que les gens là se font toute une histoire pour les coups de poings échangés euh entre bandes de jeunes non c'est de la rigolade enfin c'est pas de la rigolade mais bon je veux dire c'est des on sent que ça a toujours existé hein bien sûr bien sûr alors là par contre c'est entre deux ça ça a commencé à quel âge là c'est entre deux quartiers peut-être de villes différentes proches tandis que là c'était entre différents quartiers de la même ville oh quinze seize ans quand vous dites bandes vous étiez combien oh je sais pas nous on était une dizaine oui une quinzaine donc une quinzaine de copains qui se retrouvaient qui se retrouvaient tout le temps on discutait je sais plus de quoi /, bon/ des conneries quoi c'est enfin ce qu'on pouvait ce dont on pouvait parler à l'époque de Salut les copains euh de des yéyé vous voyez c'est c'était surtout notre puis d'un territoire entre guillemets qu'il fallait éventuellement défendre si il y avait les mecs du bel Air qui venaient et ils étaient interdits de territoire entre guillemets oui on les connaissait donc donc ça bastonnait alors on il y avait des provocs des machins vous voyez c'est mais ça a jamais été grave dans le sens où ça a jamais donc vous n'avez jamais été en danger voilà jamais vraiment en danger on sentait pas il y a pas de danger pas comme maintenant où c'est et à mon avis plus important il y avait pas de drogue à l'époque trafic de drogue à l'époque à mon époque à moi quand j'étais plus jeune attention parce que après peut-être qu'à Montreuil mais ça je sais pas il y a peut-être eu des endroits où la drogue a circulé certainement partout je pense hein partout oui mais à mon époque j'ai pas souvenance de ça dans les années cinquante soixante et euh alors vous avez parlé de Salut les copains euh S.L.C. Salut les copains oui c'est oui oui Tête de bois Age tendre et tête de bois enfin je me souviens un peu vaguement donc vous avez écouté l'émission ah oui oui ça on était on était fans on était fans on s'habillait comme Johnny on enfin voilà quoi on vous voyez c'est il y a un espèce de vous aviez une moto mimétisme comment vous aviez une moto non j'ai jamais eu de moto d'accord c'est les parents qui ne voulaient pas ou non c'est une question financière une question d'argent même avec le premier salaire non ça a pas suffit non non non non c'était ric rac à la maison quand même enfin c'était voilà j'ai jamais manqué de rien hein mais bon mais vous vous souvenez de l'impression de manquer d'argent non enfin d'argent je ne manquais de rien seulement j'avais pas le vous n'aviez pas d'argent de poche voilà j'av- bon quand j'ai commencé un peu à travailler si mais je veux dire euh ou alors j'étais pas porté par la moto peut-être que si si c'est pas c'est pas un truc qui me mobylette oui on avait des mobylettes vous voyez ou des solex peut-être mais pas de motos des grosses motos euh mais voilà c'est ma question c'étaient les bandes ça tournait pas aussi autour de de d'accessoires entre guillemets oui enfin de défis euh avec les motos ou avec les ben des courses des ben peut-être pas j'ai pas l'imp- non c'était des surtout des la de préserver son quartier quoi enfin de préserver comment dire de si de on a son quartier quoi voilà donc on les autres ne s'y hasardent pas non normalement enfin ceux qu'on ou sinon c'est du défi voilà là ça c'est un défi c'était à l'époque un défi vous voyez et ça se passait comment mal non c'est pas ça euh vous-même vous êtes allé au oui bien sûr Bel Air euh ben c'est justement vous alliez vous un défi on parle promener voilà c'est ça on parle de défi mais à à dix ah ben oui ben sinon c'est pas la peine ça veut dire que tout seul vous ne pouviez pas y aller ben ça veut dire que c'était ris- beaucoup plus risqué alors là par contre oui fallait être fallait que la bande soit là quoi et pourquoi vous avez arrêté le monde a changé peut-être sans ça au moment de votre mariage une vie après c'est fini de travail enfin voilà après quand on travaille on est dans le c'est c'est fini quoi vous savez les les amis les copains euh la racine la racine de la de la racine d'où on est né où on a vécu jeune on le garde je pense enfin quand on a été bien quand on était bien quelque part on garde ça par contre les les copains on peut les perdre de vue très vite quoi oui et vous voyez c'est et cette bande de de copains de quinze ans vous avez tout perdu oui tout tout vous n'avez plus perdu du tout c'est d'autres amis voilà d'autres complètement oui complètement complètement complètement au moment où vous avez commencé à travailler ça n'allait plus c'était pas non c'était un une autre vie une vie différente vous voyez c'était autre chose après on je me suis marié on a eu un un enfant euh voilà c'était fini on a déménagé vous voyez ça c'était autre chose c'est autre chose qui démarrait quoi en fait mais au retour vous avez retrouvé des gens de votre enfance non à Montreuil non non j'ai découvert d'autres personnes qui étaient aussi intéressantes vous voyez il y a toujours cette continuité dans cette ville de de de bien d'être bien quoi quelle que soit l'époque en fait
alors j'ai j'ai une série de petites questions un petit peu euh sur son équipement euh de Montreuil quand vous êtes re- revenu vous étiez content de c- de ce qu'il y avait vous sentiez qu'il manquait des choses vous savez tout ce qui est équipement culturel sportif espaces verts je sais pas non je pense que enfin ça c'est plus tard oui j'avais j'avais l'impression qu'au niveau enfin culturel si mais culturel orienté enfin entre guillemets je veux dire donc vous n'aviez pas envie de vous en servir
ben ce que j'aimais dans le dans la dans la partie culturelle de Montreuil c'est il y avait énormément il y a toujours énormément de spectacles qui font référence à la population c'est-à-dire que beaucoup de de spectacles africains ça c'est très bien vous y êtes allé ah oui bien bien sûr ça c'est il faut profiter de ça qu'est-ce que c'est des spectacles africains ben ce sont des ce sont des groupes par exemple des griots ce sont des groupes africains avec des des mo- des instruments typiquement africains genre calebasses euh genre kora vous voyez enfin tout ce qui est instruments africains et et le rythme donc la culture donc la musique surtout la musique la culture donc euh tout ça c'est intéressant maintenant euh aller aller à des spectacles au cinéma non mais je veux dire où où c'est orienté poli- politiquement je veux dire un théâtre qui reste où ça arrivait aussi très militant très militant ça ça m'intéresse moins quoi vous n'alliez plus toujours Brecht parce que bon parce que euh Gorky euh ben oui c'est enfin Brecht ça peut être intéressant sauf /si, / d'un certain côté quand même mais mais euh mais Mère Courage je veux dire c'est tous les ans Mère Courage voilà c'est voilà c'est ça si vous voulez vous voyez c'est bon alors ce qui m'intéressait c'était la culture différente de la mienne les spectacles tout ça c'est très dynamique à Montreuil il y a beaucoup de choses comme ça et ça c'est vraiment vraiment très bien c'est ça la l'intérêt de la ville à Montreuil de la vie à Montreuil vous voyez c'est être confronté à des cultures différentes à tous les niveaux quoi et ça c'est bien ça enrichit vraiment et ça la municipalité aide oui oui oui là il y a il y a vraiment euh pas de problème là là là pour c'est les bibliothèques vous avez lu alors la bibliothèque de la mairie moi j'y étais abonné depuis euh je passais mon mon temps à aller à la bibliothèque hein il y a énormément d'ouvrages il y a toujours des thèmes qui reviennent toutes les deux trois semaines tous les mois on change de thèmes donc tout ça c'est très dynamique ça c'est bien fait ce que j'ai- j'aimais pas c'était les thèmes ça veut dire des par exemple la Commune de Paris des des lectures non des petites expos oui il y avait des expos il y a des expos il y a quand je dis il y avait c'est pas en deux ans oui que ça que c'était il y a des expos il y a des des des expos sur des thèmes donc ça vous vous y vous y participiez oui j'aimais bien ça dépend des sujets ça dépendait des sujets vous voyez vous me donnez envie d'y aller de temps en temps non mais c'est vrai c'est ça dépendait des mais ça ça a toujours été dynamique et et on découvre plein de choses là c'est vraiment donc la bibliothèque ça c'est formidable de dans cet endroit enfin pour moi à la bibliothèque de Montreuil il y a elle est vraiment très intéressante il y en a plusieurs hein il y a Robert Desnos à côté mais il y a surtout la grande bibliothèque à la Mairie juste c'est juste à côté de la Mairie de Montreuil c'est oui oui non c'est vraiment euh enfin très intéressant enfin on s'enrichit on apprend des choses et enfin de compte c'est ce qui c'est ce qu'il faut quoi les équipements sportifs vous vous en êtes servi enfin le le club athlétique de Montreuil est un club très connu en sp- en athlétisme hein ils sont et vous premiers en France hein alors à Montreuil moi j'ai fait un peu de football mais c'était pas euh non je m'en suis pas vraiment servi ni les gamins non vos deux fils oui non non mais mon fils euh Mat n'est pas très euh mon premier fils n'est pas très sportif
euh et des espaces verts est-ce que ça c'est développé après je crois parce que les préoccupations des des munici- enfin Dufriche qui était maire avant Brard hein ils étaient vraiment à fond dans le comment dire comment expliquer ça culture ouvrière oui mais euh plutôt à fond dans le militantisme vous voyez ce que je veux dire sans que je sache exprimer vraiment c'est ce qui passait en c'étaient les luttes sociales avant de s'occuper du reste entre guillemets quoi mais en même temps vous avez dit finalement enfin je je vois c' oui il y a c'est une contradiction parce que il y a tout ce qu'il faut à Montreuil c'est bien euh vous voyez il y a la le le paradoxe entre les les deux quoi et et j'ai l'impression que les les rues piétonnes les rues pié- euh on parle de rues piétonnes à Montreuil il y en a pas vraiment hein c'est des rues semi-piétonnes où les voitures n'ont pas le droit de telle heure à telle heure enfin bon c'est pas la vraie rue piétonne mais quand même c'est un effort les les les les pistes cyclables ça c'est développé tard à Montreuil moi j'ai pas connu de pis- de pistes cyclables avant euh le début des années deux mille et les gens vous voyez ce que je veux dire étaient plutôt contents une fois qu'on le faisait ou ben oui bien sûr hein oui mais pourquoi c'est pas venu avant alors vous voyez alors que la municipalité euh vous voyez i- on sent que la prise de conscience de ce genre de choses elle s'est faite tard plutôt plus tard que que qu'elle aurait dû oui à mon avis hein d'accord plutôt plus tard donc en se disant
- les voitures se garent partout sur la c'était le bordel à Montreuil hein je veux dire que les rues pas très propres aussi il faut le reconnaître tous ces efforts là n'ont pas été la propreté c'était pas euh un objectif premier non mais bon c'est c'est agréable de enfin de pas marcher dans vous voyez c'est bon c'est pas
ah ben de pas marcher comme vous avez dit dans les animaux à Montreuil ben c'est partout il y a beaucoup de chiens oui partout mais c'est pas Montreuil spécialement je pense que là c'est vraiment euh un phénomène plutôt général quoi et vous en je sais pas si on peut l'adapter pensez quoi à une ville ouvrière comme Montreuil ça vous en pensez quoi des chiens des chiens des chiens dans la ville des chiens dans la vie oui enfin euh moi je veux dire occupons-nous des gens et après des chiens enfin je sais pas comment dire ça c'est idiot de dire ça vous le dites très bien donc vous êtes pas spécialement un ami des chiens à quatre pattes parce qu'il y a trop de déjections mais c'est même pas c'est même pas ça en fait c'est il y a des priorités quoi je veux dire enfin ça c'est autre chose mais je veux dire bon c'est sûr que mais il y a pff j'ai pas je comprends pas ça je veux dire il y a il y a on dépense beaucoup d'argent pour /ces, ses/ animaux familiers c'est très bien hein j'ai un chat moi vous voyez ah alors quelque vous êtes pris en contradiction là oui exactement vous avez un chat mais mais malgré tout il est nourri de qu- on se dit comment le chat ben de croquettes mais vous faites comme tout le monde oui oui je fais comme tout le monde et pourtant je sais que c'est pas euh voilà qu'il y aurait autre chose à faire avant de faire ça mais le le chien oui ça me gêne des fois à Montreuil ce qui m'a gêné aussi c'est c'est la propreté des rues pendant un moment bon euh mais c'est pas de la faute de de la municipalité c'est pas avoir l'esprit citoyen peut-être pour euh je sais pas vous voyez donc les gens sont pas très soigneux et n'étaient pas très soigneux peut-être à une époque ça je l'ai ressenti on peut pas être bien dans sa ville tout le temps sans qu'il y ait des des des comment dirais-je des c'était un problème dans votre immeuble les parties communes par non rapport euh non là non les gens étaient les gens étaient citoyens avaient un comportement citoyen donc c'était pas euh oui c'était pas euh il y avait quand même ah oui je vous disais les pistes cyclables elles sont apparues très tard dommage mais bon c'est bien il faut par contre euh les panneaux voltaïques à Montreuil ils sont bien développés grâce à Brard /, voilà/ vous voyez enfin bon il y a des choses bien des choses comme partout je veux dire c'est ça doit être lié quand même aussi à la pression des des conseillers municipaux si si la population en fait une priorité ou pas ça doit jouer un rôle peut-être que dans le budget municipal il est prévu euh de développer ce genre de d'énergie alternative je sais pas vous voyez c'est une question de effectivement de de de de municipalité là cette fois-ci en l'occurrence
je reviens à mes chiens oui oui euh indépendamment des problèmes de de priorité ou pas ça n'a jamais été un problème les chiens agressifs les rottweilers vous n'avez pas j'ai pas senti ça non
hein c'est d'une certaine façon vous décrivez une ville paisible oui une ville qui n' a pas de absolument de problèmes de sécurité non j'ai jamais eu de problèmes de écoutez depuis que je suis à Montreuil je je enfin bon j'ai je suis allé ailleurs mais sur mes cin- j'ai cinquante-huit ans j'ai dû passer euh cinquante ans à Montreuil peut-être et donc jamais vous jamais jamais vous vous êtes vu je me suis jamais senti peur de Montreuil je me suis jamais senti en insécurité à Montreuil jamais et vos enfants non plus jamais non plus ils n'ont jamais eu de problème jamais jamais donc c'est ah c'est pas du tout lié aux populations ça n'a rien à voir contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire des fois c'est jamais jamais jamais vraiment jamais d'accord vous voyez
euh j'ai une question sur les le mode de circulation enfin vous en avez un peu parlé avec les la piste cyclable mais vous circuliez comment à Montreuil alors dans dans dans dans ma jeunesse là euh dans les années cinquante on prenait le métro hein on circulait en métro ou alors euh en mobylette si je me souviens les vieilles mobylettes les M.B.K. là et puis ben après euh après c'est c'est c'est le métro c'est essentiellement le métro tout de même oui les transports en commun je veux dire oui si possible mais euh les courses ah oui vous aviez les alors on faisait les courses en voiture alors der- euh sur les dernières années on faisait les courses en voiture moi je faisais mes courses à Monoprix à la Croix de Chavaux de la mairie où j'habitais j'allais j'allais en voiture faire les courses parce qu'il y a tellement de bon il y a un volume oui puisqu'on les faisait une fois par semaine il y avait un volume important donc euh on avait pas vraiment le choix quoi donc circulation en voiture et pour circuler en voiture à Montreuil surtout Carrefour en coeur de ville maintenant c'est pas bien donc ça c'est la voiture pour le une fois par semaine les courses le travail c'était à côté alors le travail c'était à pieds j'allais travailler à pieds en règle générale d'accord ou alors en vélo parce que j'avais un V.T.T. pendant un moment ou alors en trottinette parce que j'avais une trottinette aussi vous voyez il y a ah mais j'évitais de prendre la voiture oui euh euh donc ça c'est le travail et le dimanche avec les enfants vous faisiez euh quand j'étais tout petit ou quand non quand oui non non au contraire quand ben si j'ai bien compris quand vous étiez petit mais je sais pas non en fait qu'est-ce qui se passait qu'est-ce qu'on faisait le qu'est-ce qu'on faisait le dimanche je sais plus pff d'accord il y avait pas la voiture familiale ah non non les enfants dedans et on s'en va au bois d' j'ai pas souvenir de ça oui dans ma prime jeunesse et vous alors comme père qu'est ce qui se passe le dimanche avec vos enfants alors quand mon fils est né j'étais plus à Montreuil donc j'étais euh en Seine-et-Marne donc je l'ai je l'ai élevé tout seul en fait hein et euh ben le le le dimanche on sortait oui on allait se promener on allait dans les bois dans les forêts euh donc la voiture la voiture la voiture pour aller se balader le dimanche la voiture et quand je suis revenu à Montreuil ben mon fils était autonome hein on on on allait à Paris on a fait beaucoup on était abonnés au Louvre donc on allait souvent au musée on allait on aimait bien ça les musées les expositions les choses comme ça mais sans prendre la voiture /cette fois-ci, / ou on marchait dans Paris on faisait les quartiers vous savez Paris à pieds il y a des bouquins vous avez fait Paris à pieds systématiquement oui des balades dans Paris voilà il y a Paris à pieds balades de Paris à pieds donc on faisait une balade un jour on se trouvait un petit resto on faisait une balade et puis la semaine d'après on faisait une autre balade Paris à pieds c'était très agréable on découvre des coins qu'on connaît pas forcément voilà d'accord donc là aussi il y avait pas la voiture non c'était plutôt et et Paris Paris et Paris vous intéressait comme ville finalement oui finalement oui après avoir dit c'est ailleurs c'est ailleurs voilà c'est mais c'est ailleurs dans la jeunesse hein mais après évidemment c'est quand même Paris quand on s'intéresse un peu aux choses on est un peu curieux et il y a quand même pas mal de choses à faire à voir enfin vous se- vous vous serviez aussi des des spectacles parisiens ou c'étaient plutôt les musées les non alors les spectacles on en a fait très peu c'est plutôt les musées ouais plutôt les musées on allait au Musée d'Orsay très souvent on allait euh à l'Institut du Monde arabe très souvent parce qu'on était abonnés aussi on aimait bien ça on aime bien vous avez été vous continuez oui mais on a plus de mal parce qu'on habite en banlieue en banlieue un peu plus loin donc il faut qu'on vienne là du coup il faut qu'on prenne la voiture pour aller à Paris vous voyez parce que c'était plus pratique vous allez à Montreuil à Branly euh alors non on est on est allé à Guimet au musée Guimet on aimait bien aussi mais le le Musée de des arts premiers oui on l'a pas enco- pas encore non on l'a pas fait donc c'est pas encore un de ces jours ben si on si on avait continué à vivre à Montreuil je pense qu'on l'aurait fait mais là euh là du coup on va moins on va moins à Paris du coup là /d'où, douce/ et harmonieux quand même hein vous aviez votre oui très harmonieux Paris comme je sais pas lieu de haute culture culturel oui voilà et puis Montreuil pour la convivialité la convivialité et la culture la culture la culture quotidienne oui non c'est très très euh très agréable c'est c'est on a toujours eu Montreuil pour moi ça a toujours été une ville agréable sans souci enrich- très riche très enrichissante euh alors vous avez parlé des courses à Monoprix et vous vous êtes servi aussi des petits commerçants de quartier du marché vous /alliez, allez/ alors marché au marché on allait au marché aussi ou alors on allait chez le le le petit commerçant arabe chez l'Arabe comme le petit commerçant arabe quand on avait oublié un truc ça c'est voilà on parce qu'il est ouvert le soir il est ouvert le soir jusqu'à minuit une heure du mat c'était pratique quoi mais bon c'était vraiment en cas de c'est le dépanneur dépanneur c'est le mot et les Canadiens ils appellent ça des dépanneurs ils appellent ça des dépanneurs d'accord nous on dit l'Arabe mais d'accord le dépanneur ben le dépanneur alors donc c'était enfin ça faisait partie d'un tout oui hein il y avait le marché le marché parce que il y avait des produits exotiques on pouvait acheter des produits exotiques des machins quand on a quand on voulait manger exotique aussi on on allait au marché ah vous m'avez dit que vous n'avez pas changé de cuisine si quand même si ben c'est-à-dire que c'était pas enfin c'était pas on si quand même oui et si qu'est-ce que vous avez changé alors ah la cuisine africaine couscous mais couscous moi j'ai toujours mangé du couscous hein à Montreuil oui quand j'étais môme il y avait toujours on achetait non on achetait la non vous alliez enfin quand j'étais môme chez le au restaurant voilà quand jusqu'à vingt ans bon par contre après quand je suis revenu à Montreuil euh au marché on achetait des des produits mais on a jamais fait le couscous nous on on allait pour le couscous on allait au resto d'accord mais pour qu'est-ce vous /allez, alliez/ acheter justement ben tout ce qui est africain j'achè- je sais pas du colombo par exemple pour oui donc la poudre vous achetiez la poudre on a- on achetait les ingrédients pour pouvoir du colombo ou alors pour pouvoir faire des plats africains du mafé ou des choses comme ça vous savez vous voyez des choses comme ça non le mafé ou alors je vois pas ou le le mafé c'est un plat africain oui à à base d'huile d'arachide ou on allait à on achetait des accras on achetait des choses qu'on faisait vous voyez ou alors de de la bouffe chinoise aussi toute faite là toute faite vous voyez et les fruits vous avez changé et ouvert aussi je sais pas les mangues oui les toujours on achète toujours des fruit exotiques enfin toujours on achète beaucoup de fruits exotiques parce qu'on aime bien oui donc quand même il y a beaucoup de choses qui ben la culture la culture si vous voulez c'est normal que on intègre quelque part une culture différente et c'est bien parce que ça veut dire quand même que euh à à tous les niveaux quoi oui absolument ben sauf la langue parce que la langue c'est compliqué peut-être c'est difficile mais euh euh la culture la culture différente il faut l'in- il faut un peu l'intégrer enfin je sais pas c'est euh c'est pas quelque chose qui passe comme ça sans
et euh pour pour ce qui est alors de des informations sur le quartier sur la ville il y a un quotidien que vous avez lu que je lusais que je lisais toutes les semaines qui est qui est comment dirais-je édité par la mairie depuis euh je crois des décennies il me semble que j'ai toujours connu moi je parle pas de ma période jusqu'à vingt ans je sais pas je pourrais pas vous répondre mais après oui j'ai toujours connu moi j'ai toujours connu ce quotidien voilà et c'est à travers ce quotidien que vous savez qu'il y a les concerts bien sûr il y avait tout dedans il y avait même un endroit où il y avait la parole à l'oppo- au aux groupes d'opposition donc là c'était nickel quoi il y avait tout ce qui fallait pour savoir vivre la vie des différents quartiers de Montreuil ça c'est euh c'était votre moyen d'information vous n'aviez pas besoin de compléter par euh je ne sais pas par internet vous avez ben fonda- ben fondamentalement non c'était largement pour moi suffisant si vous voulez euh pour voir la vie des quartiers globalement quoi il y a des comités de quartier à Montreuil comme il y a à Paris mais je je crois pas qu'on peut parler on peut alors ce qu'est comités de quartier euh non c'est moi qui appelle ça comité de quartier euh euh je me trompe de nom je crois que c'est euh mais enfin les habitants qu'on réunit où une fois par an tout le monde peut venir discuter une fois par an il y a le fameux repas de quartier ah repas c'est autre chose ça ça c'est autre chose mais ça vous participiez ah oui oui ah c'est c'est agréable parce qu'on peut dé- découvrir des gens qu'on voit jamais même dans le même immeuble parce qu'on voit pas tout le monde forcément hein on é- les trois immeubles où on était bon là on voyait des gens qu'on connaît pas forcément quoi vous faisiez ça sur le trottoir non non dans la cour il y a une cour il y avait une cour qui nous permettait de faire ça ça c'est c'est très agréable c'est très convivial en plus mais c'est pas c'est pas forcément nécessaire à Montreuil mais c'était un quelque chose en plus quoi c'était pas convivial sinon l'information sur les quartiers à Montreuil c'était vraiment à travers ce ce quotidien quoi enfin ce cet hebdomadaire pardon vous voyez parce que quand on est dans un quartier on s'intéresse à son quartier c'est idiot c'est pas idiot justement et les autres quartiers on les zappe un peu quoi et et vous pouviez euh essayer d'intervenir sur tel ou tel point vous l'avez fait non je ne sais pas moi faudrait nous planter des arbres euh faudrait non non non à partir du moment où vous avez été désenchanté euh par les années soixante-huit ça se /vous avez vécu, / votre oui il y a ça je pense parce que c'était tellement euh c'était c'était un un un choc si vous voulez qui qui m'a fait dire bon c'est c'était voilà quoi si parce que c'est un choc important quoi peut-être que ça vient des racines de ça d'un désengagement viennent de là certainement viennent de là certainement quand on découvre une monstruosité alors qu'on croyait un paradis un paradis entre guillemets je caricature hein mais si vous voulez c'est quand même un choc important donc euh effectivement après ça m'a vous voyez ça n'empêche de de vivre une vie de quartier oui visiblement c'est ce que hein vous avez mais euh de de voilà quoi ce qui pour moi pour nous était euh largement suffisant écoutez moi je crois que ce que vous m'avez raconté donne je sais pas j'espère hein parce que voilà c'est pas très j'ai fait ce que j'ai pu avec les souvenirs que j'ai eus quand même une idée très intéressante de votre rapport avec le quartier euh est-ce que il vous semble que j'ai oublié des choses essentielles dans mes questions non je pense que ça correspond vraiment à une vision c'est grâce à vous hein parce que vous aviez vraiment des choses à dire oui c'est ça correspond à une vision euh que j'ai moi de de de ce que j'ai vécu à Montreuil oui en tout cas c'est une vision sympathique ça donne envie de venir y vivre oui ben écoutez euh non c'est très agréable hein vraiment c'est c'est ma ville mes racines bien écoutez j'espère que ben je vous remercie ça m'a fait du bien de discuter avec vous de ça sur ce sujet là merci beaucoup