Préambule

Dans cette page, vous trouverez infra une présentation rapide du corpus, et un article plus développé (au format PDF) Date de publication : 23/03/2012.

Vous êtes autorisés à utiliser tout ou partie des ressources du corpus CFPP2000 à condition de mentionner dans la bibliographie de vos articles d'une part l'adresse de notre site: http://cfpp2000.univ-paris3.fr/ et d'autre part le document de présentation suivant :

Branca-Rosoff S., Fleury S., Lefeuvre F., Pires M., 2012,
Discours sur la ville. Présentation du Corpus de Français Parlé Parisien des années 2000 (CFPP2000)
http://cfpp2000.univ-paris3.fr/CFPP2000.pdf


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Présentation de CFPP2000

Ce corpus a été recueilli(1) par Sonia Branca-Rosoff, Professeur à l'Université Sorbonne nouvelle, Paris 3 (SYLED), Florence Lefeuvre, Maître de Conférences (HDR) à l'Université Sorbonne nouvelle, Paris 3 (SYLED) et Mat Pires, Maître de conférences à l'Université de Besançon. Serge Fleury, Maître de Conférences à l'Université Sorbonne nouvelle, Paris 3 (SYLED), assure l'organisation du site et la mise en ligne des données. Il s'agit de la première étape d'un projet qui concerne les formes du français parlé dans l'agglomération parisienne et qui doit permettre d'aborder sur des bases solides la question du rôle que jouent les pratiques linguistiques de Paris pour la France entière et pour la francophonie en général. Des études portant sur des grandes villes comme Londres ont en effet montré que les variétés langagières pratiquées dans les métropoles sont les moteurs du changement linguistique.

Le Programme de Recherche de la Ville de Paris, dans le cadre de son appel d'offres "Dynamique de l'agglomération parisienne" a permis le démarrage de l'enquête. Nous remercions la municipalité pour son soutien. Nous remercions également le CNRS et particulièrement le laboratoire PRAXILING de l'Université de Montpellier. L'obtention d'une délégation auprès de ce laboratoire depuis septembre 2008 a permis à Sonia Branca-Rosoff de se consacrer prioritairement à la réalisation de ce projet. Nous espérons poursuivre le travail dans les années qui viennent afin d'aboutir à un corpus d'environ 150 heures d'enregistrement transcrites.

La thématique des quartiers - le questionnaire

Le choix d'un questionnaire portant sur la ville avait pour nous plusieurs intérêts. Tout d'abord, il constitue un témoignage intéressant et cohérent sur les représentations de Paris et de sa proche banlieue.

Le questionnaire (qui a toujours été utilisé comme une grille d'entretien et non comme un questionnaire fermé) comporte des rubriques attendues sur les raisons de la résidence dans le quartier et sur l'appréhension du rapport aux autres quartiers de Paris ou de la banlieue. Il s'intéresse en particulier aux réactions des habitants face aux changements intervenus (population, urbanisme, commerces, etc.) et les sollicite sur la façon dont ils vivent des situations de "mixité" et de "ségrégation". Il porte aussi sur la façon dont se manifeste "la mondialisation" sur le plan des mélanges de population, sur la situation des autres langues, ou sur son impact dans les modes culinaires, vestimentaires, etc.

Ce questionnaire comporte des rubriques sur la relation au "temps" et sur l'expression de l'espace. En particulier, le développement de nouvelles formes de fêtes est presque toujours évoqué : fêtes de voisins (d'immeubles), de quartier, nuit blanche, fête de la musique… L'espace urbain est également abordé d'une part à partir des clivages traditionnels, l'opposition rive gauche, rive droite ; Paris est/ouest, Paris Centre/banlieue; d'autre part, à partir des problèmes de déplacements en ville, ce qui conduit les enquêtés à se remémorer l'espace où ils vivent, ainsi que leurs déplacements et à en proposer une expression verbale. Enfin, souvent introduite par le biais de questions sur la migration, sur l'école ou sur la façon de s'informer sur le quartier, l'action politique des municipalités (et de l'État) est présente dans beaucoup d'entretiens.

Nous espérons que des historiens, des sociologues, des analystes du discours, etc., utiliseront ces données dans la perspective de leurs disciplines respectives.

Sur le plan langagier, le questionnaire prévoit quelques incitations à des moments argumentatifs, à des moments narratifs, à une description de trajet.

Des dyades (couple, amis) ont été enregistrées chaque fois que c'était possible de façon à atténuer l'impact de la situation d'enregistrement. Pour les mêmes raisons, les enquêtés sont contactés à partir d'un réseau de connaissances et non de façon aléatoire. Cependant notre but n'est pas de travailler sur les réseaux sociaux à la façon de Lesley Milroy (1980), mais seulement de faire en sorte que la situation d'enquête n'apparaisse pas comme trop "intrusive". Les enregistrements ont une durée moyenne de 1h à 1h30.

Les zones d'enquête

Paris et sa couronne forment à bien des égards une seule agglomération, même si les boulevards périphériques constituent une frontière visible et symboliquement importante, comme cela apparaît dans plusieurs entretiens. Nous avons donc inclus quelques communes dans l'échantillon retenu qui doit pouvoir représenter l'ensemble complexe des variétés du français de la capitale. Une banlieue comme Saint-Ouen compense le déficit de Paris en catégories modestes. D'autres comme Montreuil, Ivry ou Le Kremlin-Bicêtre voient coexister des populations issues de l'émigration et des classes moyennes chassées du centre-ville par la hausse des prix de l'immobilier.

Les locuteurs

Les enquêtes récentes de l'INSEE montrent que la part des Parisiens de souche est très minoritaire : 31 % seulement des habitants de la capitale y sont nés ; 14,5% sont originaires du reste de l'Île-de-France, 32% viennent de la province et 23% de l'étranger. Nous avons cependant privilégié les locuteurs qui ont passé leur petite enfance à Paris ou dans la proche banlieue afin de disposer d'un nombre suffisant de locuteurs pour pouvoir décrire les variations de la langue "commune", et les distinguer éventuellement des variantes qui résultent de l'impact des langues premières ou des variétés autres du français des migrants sur ce "français parisien" familier. (voir Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, 2004, Sociologie de Paris. Ed. La découverte, coll. Repères)

Nous avons cependant inclus dans l'échantillon plusieurs locuteurs témoins provinciaux ou migrants. Nous faisons notamment varier les langues premières selon leur distance au français (langues romanes, indo-européennes, non indo-européennes) ; selon que les migrants vivent dans un milieu leur permettant de maintenir l'usage de leurs langues ou que des intermariages ont entraîné l'abandon des langues d'origine.

Enregistrements et transcription

Les corpus ont été collectés avec des enregistreurs Tascam HD-P2.

La transcription a été réalisée sur le logiciel Transcriber qui permet d'aligner son et texte. Les tours de parole sont indiqués par un alinéa et sont toujours précédés du nom du locuteur. Les chevauchements sont indiqués du mieux possible, mais Transcriber n'est pas très bien adapté à leur notation précise.

Nous avons adopté pour l'essentiel le code orthographique pour la transcription. Quelques particularités de notation sont précisées dans l'article développé en ligne.

Chaque fichier est identifié par un code locuteur. Par exemple : CFPP2000 [03-01] Ozgur_Kilic_H_32_alii_3e désigne l'identifiant d'une ressource du corpus CFPP2000, la partie entre crochets contient le numéro de l'arrondissement (ici 03) ou des initiales de la banlieue où a été réalisé l'enregistrement et un chiffre correspondant à l'ordre d'enregistrement dans la base de données (ici 01); viennent ensuite le pseudonyme du locuteur principal, son sexe (F ou M), son âge, et le numéro de l'arrondissement.

La force imaginaire des discours

Avant même d'aborder la question des perspectives scientifiques d'exploitation d'un tel corpus, il faut souligner la richesse patrimoniale et humaine des discours que tiennent les interviewés. Les Parisiens et les banlieusards qui ont accepté d'être enregistrés racontent remarquablement leur vie dans la ville. Sans même chercher, voici que reviennent les souvenirs de l'enfance misérable de Madame le Vern, orpheline d'après guerre, ponctués de "nous étions quand même heureux ensemble", ou les souvenirs des enfances protégées des familles catholiques du 7ème arrondissement avec leur nombreux enfants et l'austérité relative d'une vie qui n'était pas encore tournée vers la consommation, enfances d'aujourd'hui dans les quartiers mélangés du 11ème ou dans les ghettos des riches qui ne se hasardent rive droite qu'à vingt ans passés. Les Parisiens évoquent beaucoup leurs plaisirs de piétons de Paris, que ce soit pour courir les expositions et les monuments, ou pour déambuler sans but dans les rues. On entre avec eux dans les cours et les jardins invisibles du 7ème, on s'assied à la terrasse des cafés du 12ème arrondissement, on pousse la porte de restaurants qui mettent un rond de serviette aux habitués. Les locuteurs racontent la coexistence plus ou moins heureuse ou difficile avec la mosaïque de populations qui composent la capitale, mais aussi avec des mendiants, le profond malaise qui résulte de leur présence, les fois où ils ont essayé d'aller à la rencontre de personnes qui n'ont plus de domicile.

Des scènes de rues s'animent sous nos yeux, les anecdotes servant de points de fixation aux représentations sociales du quartier : rue du Chemin-Vert, les Chinois sortent à toute allure de leurs boutiques d'import-export en poussant des chariots où s'accumule une montagne de cartons en équilibre, et bousculent des vieilles dames. Dans une cité du vingtième arrondissement, une bénévole garde trois petits enfants, dont un garçon qui braille et se débat parce qu'il se croit abandonné par sa mère en train d'assister à un cours d'alphabétisation ; un adolescent d'origine africaine qui "tient les murs" avec ses copains, vient aider gentiment à porter le gamin. Yvette Audin est frappée par sa politesse et son accent standard, lorsqu'il s'adresse à elle "mais Madame si vous avez besoin de moi".

De fait, contre la rhétorique catastrophiste de certains, on s'aperçoit que la langue mobilisée par les locuteurs est du français commun. De l'héritier d'une famille d'aristocrates à la couturière titulaire d'un CAP, les Parisiens emploient une langue orale de bon aloi. Les écarts appartiennent à des zones où le français hésite depuis des siècles. Le participe passé, la négation sans ne, par exemple, sont des points saillants régulièrement cités par les grammairiens depuis le 17ème siècle au moins. Pour autant, aucun des locuteurs ne parle comme un livre d'école en sujet-verbe-complément. La syntaxe de tout le monde est une syntaxe rompue, interrompue, caractéristique du français oral. Dans cette première tranche d'une trentaine de locuteurs, aucun n'a l'accent dit de "banlieue". Les différences sont peu marquées, même si on peut repérer des variations intéressantes, par exemple la prononciation des dames des 6ème et 7ème arrondissements, parfois plus saillante encore dans des passages au discours direct.

Usage des données

Les ressources du corpus CFPP2000 sont sous licence Creative Commons Attribution-Noncommercial-Share Alike 3.0 License. Pour voir une copie de cette licence, visitez http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/3.0/ ou adressez-vous à : Creative Commons, 543 Howard Street, 5th Floor, San Francisco, California, 94105, USA.

Vous êtes autorisés à utiliser tout ou partie de ces ressources à condition de mentionner dans la bibliographie de vos articles d'une part l'adresse de notre site: http://cfpp2000.univ-paris3.fr/ et d'autre part le document de présentation suivant :

Branca-Rosoff S., Fleury S., Lefeuvre F., Pires M., 2012,
Discours sur la ville. Corpus de Français Parlé Parisien des années 2000 (CFPP2000)
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Annexes

Synthèse quantitative CFPP2000



[1] Sandy Bichon, Emmanuel Branca, Judith Doggen, Marie Veniard, Agnès Verlinde ont participé au travail de transcription